mercredi 30 juin 2010

Barbe bleue : quelques témoignages


Stanislas Gauthier


"(...) Creusé, le vers, dans Barbe bleue, encore plus profond, et ce sont les voyelles, entre Musset et Corneille (et d'autres) qui se laissent entendre dans l'autre ordre où s'annonce la folie. "Love qui peut", en effet ! Rien, ici, ne sent l'école et la répétition, se lit sans qu'on en déplore l'artifice, c'est du grand art, un art du silence et du mouvement de la parole, dans lequel les mots ont suffisamment de poids pour diffuser et répandre leur charme noir. On m'a dit que Christian Rousseau avait l'idée d'en faire un opéra - je le comprends fort bien. Les échos et les alternances sont un appel à l'imagination poétique. (...) Après  la lecture de votre Barbe-bleue, il reste la force d'images traumatiques : des ongles que l'on ne peut laver, une clé maculée, que l'on ne peut laver, . L'histoire va bon train. Mais elle transporte toujours un reste - ces "caillots" qui figent le sang, comme un point aveugle et sombre dans les paroles des deux amants (amants?) : oeil crevé qui porte le langage dans les moments de crise au bord de la béance, oeil de biche dont la naïveté (ou la complaisance ?) effraient. "Lorsqu'il eut passé le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre" dit la voix off dans le Nosferatu de Murnau. Dans Barbe-bleue, il s'agit de sortir d'un enfer et c'est la rivière que l'on souhaite franchir, dans l'autre sens.(…) ”


François Huglo


Lettre fhuglo

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